Là où les frontières entre les cultures et les langues disparaissent, Emmanuelle Bousquet nous accueille. Dans les bâtiments des langues et civilisations étrangères, cette enseignante chercheuse pilote le Master médiation culturelle et communication internationale. Elle aussi questionne de près les modèles des médiations culturelles évoquées par Danielle Pailler dans les autres entretiens.
Cet entretien fait partie des rares réalisés après le 13 novembre. D’ailleurs, il ne se passe que quelques jours après, en cette fin d’après-midi glaciale. Pourtant, le cœur y est : point par point, Emmanuelle Bousquet revient sur cette urgence de faire culture commune, à l’Université comme ailleurs. Elle qui accueille des étudiants venus du monde entier pour découvrir les politiques culturelles françaises, rappelle à quel point il est nécessaire de vouloir une culture volontariste. Et la vouloir ne suffirait d’ailleurs pas : il faut s’attacher aux conditions de réalisation, en remisant aux archives l’attentisme d’arts ou de cultures vivant en vase clos.
C’est pourquoi les étudiants de ce master inventent des projets culturels, les amenant à rencontrer des professionnels et des artistes. Comme Laure Coirier, de la Luna, collectif de plasticiennes basée à Nantes qui donne une représentation de l’art social, de la « création partagée » avant qu’elle ne soit labellisée par la municipalité. Et souvent, dans ces projets étudiants, vouloir faire sortir les arts et les cultures des prés carrés dans lesquels ils évoluent – les galeries comme les musées – atteste sans doute d’un essentiel besoin de faire culture, ici et maintenant. Comme le pense un groupe d’étudiantes, d’ailleurs aux manettes de l’exposition « Portrait(s) » ; elles qui, aussi, imaginent le « Bus’art », un bus reconverti en lieu de spectacle et d’atelier qui se baladerait de quartier en quartier. On pense évidemment au « Camt’art », lui aussi intervenant sur le campus. Toujours ce besoin de mobilité, de circulation dans des projets culturels étudiants. Comme si les arts et les cultures servaient de mobiles à la rencontre et aux altérités. Voilà sans doute de quoi se réchauffer, en ce glacial après-midi de novembre, les attentats toujours en tête.