De l'Université permanente à l'Université populaire : Gwenaëlle Le Dreff

Poisson-pilote de l'Université permanente de Nantes, Gwenaëlle Le Dreff fait le vœu d'une Université particulière, poreuse aux pratiques nouvelles, et au renouvellement de son public. Pour ne pas en faire un terrain de jeu annexe aux autres campus.

L’Université, c’est aussi sur l’île de Nantes. En attendant les transhumances à venir sur le quartier de la création pour certaines filières, déjà l’Université permanente accueille celles et ceux qui souhaitent apprendre différemment. On y vient ainsi pour parfaire son anglais ou passer quelques modules de comptabilité, entendre de la philosophie et s’essayer aux estampes japonaises avec des artistes.

Un piste supplémentaire pour l’Île de Nantes

Pilotée par Gwenaëlle Le Dreff, cette version de l’Université offre une autre approche du rêve universitain, celui d’apprendre tout au long de la vie, et permettre un savoir accessible à tout un chacun. Pour autant, les choses ne sont pas si simples : en réalité, l’Université permanente accueille bon nombre de seniors, ainsi que des plus jeunes qui voient ici un premier tremplin pour rejoindre les filières universitaires. Un terrain de jeu prioritaire pour organiser des actions artistiques et culturelles.

Pour cette fonctionnaire historique de l’Université de Nantes, le projet mené depuis 2008 par la Direction culture et initiatives est d’ailleurs symptomatique d’un changement dans la manière d’appréhender ce qui fait culture dans les Universités. On stoppe les processus trop descendants, la programmation et la billetterie, pour se concentrer sur ce « mix » de publics comme elle aime à l’appeler, ce que Danielle Pailler encourage grandement sur la contribution de toutes et tous à la promotion d’une culture universitaire. En précisant bien que la culture à Nantes et à l’Université, c’est historique. De fait, tout le projet assumé par l’équipe de la Direction culture et initiatives est lui-même la résultante d’autres dynamiques passées, et d’une reconnaissance de l’Université comme acteur de la cité nantaise ; on se remémore la première visite officielle de Jean-Marc Ayrault pour des vœux, près de 20 ans après la création de l’Université.

La permaculture de l'Université

L'Université permanente est celle de tous les savoirs. Et une autre antenne des campus nantais, depuis longtemps. Retour sur la culture à l'Université avec Gwenaëlle Le Dreff, en vidéo.

C’est ce qui explique le nombre considérable de propositions émises par l’Université permanente chaque année. On ne compte plus les conférences, les ateliers de pratique, les temps donnés à la culture et aux arts ; dans une structure qui se veut délibérément accueillante et ouverte d’ailleurs, mais qui reste méconnue de bon nombre d’étudiants, car située à l’autre bout de la ville. Pourtant, ils y trouveraient facilement des espaces de pratiques artistiques, où le coût n’est pas un frein : la plupart des activités restant proposées à bas coût.

Vers l’Université populaire ?

Université permanente, université populaire ? Non, pas encore. C’est pourtant une dynamique qui anime la responsable de ce vaisseau de rencontres et de compétences. Même si l’hétérogénéité des publics commence à se voir, il faut sortir du préconçu d’une Université poivre et sel. Il serait ici possible d’inventer des transversalités plus facilement que sur les campus du Nord de Nantes. En ce sens, le choix est notamment fait : une partie de la programmation est dédiée aux expériences, qui ne sont pas dans le giron d’artistes ou de conférenciers rodés à la pratique contributive. On pense notamment à une table-ronde récente qui accueillait le jeune dessinateur nantais Yassin Latrache, en partenariat avec les voisins du Centre interculturel de documentation.

Cette ouverture trouve sens dans un projet global de médiation culturelle. Qui, pour rester dans sa lignée réelle – celle de l’accès au savoir –, doit rester sur cette question de l’accessibilité. Pour éviter les travers d’un quartier de la création hermétique au grand public, plus focalisé sur une prétendue excellence de « têtes créatives » au lieu de composer les possibles de ce vœu autrement plus altruiste, d’une Université ouverte à tous.