Louise Hochet est la dernière artiste invitée pour une résidence d’envergure sur les campus de l’Université, qui sont aussi présents à La Roche-Sur-Yon. Depuis son petit « Atelier Banquise » de la rue des Olivettes, elle réchauffe les souvenirs et le thé vert pour évoquer un passé proche, fait d’« Art vivant et d’Art utile ».
Créer ex nihilo
D’ailleurs, sa posture est révélatrice de la volonté de la Direction culture et initiatives de faire évoluer sa manière d’injecter l’art sur les campus. Alors qu’en 2011 les artistes de l’équipe INTERIM apportaient leurs regards extérieurs sur le quotidien des campus, elle a préféré trouver « où battent les cœurs des campus », avec la complicité de créateurs aux terrains de jeu différents : ainsi, la résidence dont elle était coordinatrice invitait graphistes, architectes ou couturières. Pour créer ex nihilo ce qui fera l’art de campus aux mondes hétérogènes et composites.
Tout commence avec des cartographies subjectives, dessinées patiemment depuis les lieux de passage, et avec ses « universitains » ; néologisme dont elle est l’auteure, qui permet d’englober les habitants de l’Université, qu’ils soient étudiants, chercheurs, personnels administratifs. Ici, tout le monde est convoqué à créer. Tout du moins, à donner sa représentation d’un lieu de passage, ou de carrière, c’est selon.
Tous contributeurs ? En cherchant à amener des artistes sur les campus, c’est l’opportunité de créer des coopérations entre les habitués de l’Université et les créateurs. Avec une attention particulière : le faire ensemble, pour garantir un idéal démocratique.
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Les politiques ont intégré la dimension de contribution dans leur développement. Faire-valoir ou réelle innovation ? Réponse composite, avec les témoignages des institutions culturelles locales et Alice Anberrée, chercheuse en gestion des organisations et auteure d’une thèse sur le sujet.
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Louise Hochet fait partie de ceux qui peuvent penser l’art, et le déployer. Cette faculté surprend pendant l’échange ; les idées s’enchaînent tranquillement, et cela ne tient pas qu’à un discours bien rôdé – posture bien connue de certains artistes contemporains. Elle d’ailleurs, a de contemporain une pratique enracinée dans son époque volatile, pas une posture artistique esthétisante. Avant tout, il est question « d’art social » dans son travail, de représenter par sa boîte outils d’art appliqué, ce qui sera un art partageur, et collectif.
Les tricots de mamie et le Do It Yourself
Elle n’est pas nantaise. Pourtant, elle a tout compris du jeu en collectif, ce jeu « à la nantaise ». C’est ce que dit d’elle son complice de résidence Quentin Bodin, au verbe timide mais aux réalisations kaléïdoscopiques. Lui, est de « Super Terrain », et voisin d’atelier de Louise Hochet. Il était de l’aventure collective et des journaux éphémères distribués sur le campus. D’ailleurs, la contribution de l’atelier de graphistes continue aujourd’hui sur le campus de La Roche-sur-Yon, dans une salle d’exposition qui change tous les ans de nom.
Les frontières de Louise Hochet ne sont pas nantaises. Avec ses frères d’art, elle participe d’ailleurs à d’autres expériences, visant toujours cet art social ; d’où émane un émouvant « manifeste pour un art de vivre coûte que coûte », remisant les impédances faibles des galeries, et fait l’apologie du Do It Yourself comme des « tricots de mamie ». Un manifeste édité par les Commissaires anonymes, qui, lu depuis l’atelier Banquise, résonne dans les parcours des artistes intervenants sur les campus de l’Université de Nantes.
Évidemment, on pense à la Luna, ce collectif d’artistes nantaises brillant par leur mise en protocole d’un art à vivre, depuis le quartier populaire des Dervallières. Louise Hochet ne les connaît pas, pourtant les ponts sont nombreux. Dans cette manière fine de positionner l’artiste en médium plus qu’en metteur en scène, avec le souci du café comme point de départ vers un art qui s’attache au processus, cette expérience collective, qui cherche à forger un imaginaire commun.