Toucher le public au cœur : Michèle Guillossou

Le perfecto et le petit vélo naviguent sous la pluie battante. Devant le Lieu Unique, Michèle Guillossou arrive, elle qui a contribué au développement de lien entre la Folle Journée et l'Université de Nantes. Rencontre.

 

On accourt chaque année pour la Folle Journée de Nantes. Sans compter le nombre de fois où l’on assiste à des scènes dignes de concerts de rock quand il s’agit d’aller réserver ses places ; la différence restant évidemment le public, sans doute moins adepte du perfecto cuir que du carré Hermès.

C’est pourtant un perfecto parfaitement ajusté qui est sur les épaules de Michèle Guillossou, qui, il y a quelques années, était aux manettes de la coordination générale de l’organisation de ce festival, mètre-étalon d’une certaine culture de la musique classique en France et en Europe. Maintenant sortie de l’équipe, elle revient sur de nombreuses années à promouvoir les médiations culturelles. L’expression est toujours soignée, le style détonnant. C’est ici une passionnée avant tout, de culture et de rencontres que l’on retrouve devant le Lieu Unique, pour parler franchement de ce qui fait médiation culturelle.

La vigie de la médiation

Michèle Guillossou est définitivement de ceux qui partent du public pour construire une action culturelle. Ce qui n'est pas le cas des industries culturelles : explications en vidéo.

À commencer par ce lien durable. Celui qu’elle a été volontaire pour créer, afin d’installer le festival de la Folle Journée dans les esprits des publics éloignés de la programmation, sans doute plus centrée sur une volonté d’entre-soi. Les temps changent. Michèle Guillossou, cheville ouvrière des réalisations conjointes entre l’Université de Nantes et le festival cherchait par toutes les initiatives la venue de public que l’on n’attend d’ailleurs pas forcément à la Folle Journée.

En intégrant par exemple, un projet d’action culturelle avec les étudiants du département Gestion et administration des entreprises. En valorisant la compétence des apprenants mais en changeant l’objet de travail par le festival, on crée la rencontre. Qui permet ensuite de susciter la rencontre, le jour même du festival. Un travail chronophage, une mécanique de précision pour Michèle Guillossou qui martèle cette réalité : il faut vraiment toucher le public au cœur, dépasser la simple « caution de l’action culturelle », celle qui fait pour faire. Sans penser à la réception par les publics, sans doute trop concentrée sur sa propre justification d’action.

Penser les médiations culturelles

C’est pourquoi convoquer un concert ou deux à l’Université ne suffit pas. On ne peut pas miser uniquement sur cette magie d’être subjugué par un concert dans un hall, entre le sandwich et le café. Même si l’objet artistique, la musique classique, est extrêmement légitimé – aussi bien par les collectivités publiques que par le festival lui-même – la Folle journée à l’Université a essuyé aussi des déconvenues, faute de temps passé, et de volonté dirigeante, de pouvoir attirer les étudiants dans son événement qui fait figure de référence dans la métropole nantaise.

Avoir les chevilles ouvrières

Amener la Folle Journée aux étudiants : un bon pari. Comment s'y prendre, en évitant les clichés ? Quelques exemples du métier à tisser de Michèle Guillossou dans ces deux vidéos.

Restent les propos, brillants et concrets, de cette professionnelle des médiations culturelles. Qui, malgré une énergie réelle, trouvait parfois des obstacles sur les chemins de la réalisation d’une action culturelle croisée avec l’équipe de la Direction culture et initiative. Cela illustre assez bien les prémisses d’un projet de médiation : le fait d’une volonté conjointe de construire, requestionner la place de l’institution Université comme l’institution Folle Journée dans ce qui est envisagé pour contribuer au bien-commun : une démarche à construire minutieusement pour ne pas plaquer une proposition artistique vers un public, déjà sollicité par bien d’autres événements.