Faire apparaître des fleurs sur les murs, et créer son premier orgue à disquette. À L’Université, le pari est fait d’inviter tout au long de l’année des artistes pour des ateliers ouverts aux étudiants, aux personnels et aux enseignants chercheurs. Auparavant « unité d’enseignement et de découverte », ces propositions font le pont entre un quotidien d’étude et une démarche artistique. Et si on profitait d’être à l’Université pour faire autre chose qu’étudier ?
La médiation culturelle : cette valeur cardinale est la colonne vertébrale du projet de politique culturelle de l’Université de Nantes. En associant artistes, chercheurs et étudiants, la vice-présidente culture modèle une ambition, et une innovation pour l’Université de Nantes.
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Un changement d’axe
C’est ainsi que le pari s’est construit en 2008 avec l’accession de Danielle Pailler, enseignante chercheuse, à la vice-présidence culture de l’Université. Aussi d’une rencontre sur ce projet avec Laurent Hennebois, formé aux Beaux-Arts et à l’époque en charge de la communication pour le compte de l’Université. Les deux partagent cette sensibilité artistique, celle d’éprouver par la culture et la pratique des formes inattendues. À l’époque, c’était assez nouveau ; la culture étant principalement le fait de la programmation d’événements et la billetterie en lien avec les structures culturelles habituelles : Grand T, Lieu Unique, Opéra…
Changement d’axe donc, avec un art qui s’invite sur le campus en proposition ouverte. Et qui cherche à répondre à deux enjeux forts quand on travaille au contact d’un public étudiant : être garant d’une certaine qualité dans les propositions, et tisser des liens avec les besoins repérés chez les étudiants. Cindie Potiron, étudiante que l’on retrouve tout au long de ce documentaire, l’explique d’ailleurs assez clairement : « j’ai pu améliorer ma prise de parole, mes compétences orales, en participant aux ateliers théâtre ». Une expérience comparable à celle menée par le volubile Pierre Desvigne, conteur, transmettant aux étudiants l’art de raconter des histoires.
Jusque là, rien de si nouveau, mais tout de même une illustration simple des retombées directes dans un quotidien étudiant. Plus inattendu, ces ouvertures culturelles provoquent aussi des carrières, des démarches au long cours. Amaury Cornut, aujourd’hui chargé de production au Studio d’en Haut, participait à la première édition de Bobbyland, collectif bidouilleur d’instruments pour orchestre d’automates durant ses années d’Information-Communication. Il est aujourd’hui passeur à son tour, passeur de compétences et de connaissances à Bobbyland pour la seconde édition.
20 ateliers et 300 participants
Au fond, le besoin de rencontre fait de ces ateliers un endroit prisé chaque année. Selon Mathilde Caillon, en charge de la programmation annuelle des 20 ateliers, ce sont 300 personnes qui participent à ces expériences collectives, mais seulement 10 % de personnels – administratifs et enseignants chercheurs.
On vient à ces ateliers pour apprendre le journalisme avec Fragil, la photographie avec Christian Chauvet, le théâtre avec Zone… Les propositions viennent d’ailleurs des étudiants comme de la Direction Culture et Initiatives, luttant contre l’idée d’inscrire dans le marbre un atelier pendant des années. Cependant, certains ateliers sont maintenant des incontournables : théâtre et photo font toujours carton plein alors que d’autres, peut-être plus complexes à appréhender, n’attirent pas. L’exemple de Bobbyland et la création d’automates, où peu d’étudiants arrivent jusqu’au Studio d’en Haut, pourtant à quelques arrêts de tramway par rapport aux campus Michelet et Tertre. Loin d’une idée de remplissage des ateliers, la Direction Culture et Initiatives pourrait maintenir cet atelier en dépit d’une réelle émulation à l’heure actuelle avec les étudiants.
D’expérience, ce n’est pas que l’objet artistique qui suscite l’engouement. Mais aussi la médiation faite sur ce genre de projet pour encourager la découverte et le premier pas. Une réflexion continue est donc de mise aussi avec le « groupe culture », réunion d’étudiants disposant d’un pouvoir consultatif sur les ateliers en cours et les besoins qui pourraient émaner de certaines filières.
Remonter le fil de l’histoire
Cette démarche à Nantes prend une voie quelque peu différente à la Roche-sur-Yon sur le campus qui réunit des futurs juristes trilingues, des professionnels des télécommunications, des gestionnaires… Claudine Paque, coordinatrice culture et enseignante chercheuse, remonte le fil de l’histoire. Ce « Fil », association étudiante et autonome, qui a pris corps dans les premiers ateliers théâtres expérimentés sur le campus en 2008. D’année en année, et avec le soutien de la Direction Culture et Initiatives ainsi que la Vie Étudiante, ce « Fil » agrège aujourd’hui une diversité de filières, et se veut redistributrice de valeurs et de cultures sur un campus en devenant un acteur repéré de la vie culturelle Yonnaise. Cette démarche autonome, encouragée par l’Université, est une bonne illustration de la manière complexe et vivace de créer les possibles d’une culture à l’Université.