Un laboratoire hors les murs

L'économie du partage et de la contribution a toujours été celle de la recherche ; elle devient aussi celle de la culture, portée à Nantes et à Mohammedia par des chercheuses engagées dans les médiations culturelles.

L’économie culturelle ne s’entend pas qu’en termes économiques : elle est aussi le fruit, pour la Direction culture et initiatives, d’une économie non marchande, mais aussi précieuse. Une économie reposant sur la contribution, des étudiants comme des personnels, aux projets déployés comme aux choix à réaliser pour faire de cette plateforme un espace pour toutes et tous. Cet échange – entre ses publics et sa direction, souhaité comme permanent – viendrait valider et appuyer la pertinence d’un projet politique pensé en proximité, sur les campus, pour « inventer ensemble ce qui fera culture ».

L’idéal démocratique est ici une participation de toutes et tous aux processus artistiques et culturels, comme un gage de « citoyenneté culturelle », visant à inviter les arts et culture dans tous les compartiments d’une vie étudiante segmentée en UFR, UE, TD, CM et autres acronymes usuels issus d’un fonctionnement très institutionnel. Cette économie de valeurs et de partage pourrait – pour l’équipe de la Direction culture et initiatives – abonder dans le sens d’une transversalité, pour envisager les choses d’une autre manière.

Penser, puis repenser. Et penser encore. En agissant. C’est ainsi que se décline le projet culturel actuel, arrivant d’ailleurs à un terme électoral en 2016. Élaboré autour de Danielle Pailler – empêcheuse de tourner en rond sur les médiations culturelles – l’approche pour « faire cultures » est d’abord une histoire en pair à pair, à construire. De pair à pair – que l’on soit étudiant, chercheur, artiste d’ailleurs – en se réunissant autour d’un apprentissage du conte, d’une résidence de reverse graffiti ou d’une représentation théâtrale. Plus qu’une politique, cette expérience dans un laboratoire hors les murs, l’Université entière, met en place une recherche-action synonyme d’allers-retours dans la création d’une échelle de valeurs qui serait différente d’autres institutions culturelles, portées davantage par l’objet artistique que son processus associé : l’échange, la rencontre, le partage ; autant de valeurs qui semblent rafler la mise dans les items artistiques proposés ici, à Nantes, aux étudiants.

Aller de l'avant

L'Université de Nantes est une solide machine à inventer. Notamment en termes de culture, et d'art. Retour sur une histoire en construction avec les interviews de Gwenaëlle Le Dreff et de l'équipe de la Direction culture et initiatives.

Cette valeur première – l’étude de ce que génèrent les arts et les cultures sur un campus – sert d’ailleurs d’échange bien au-delà des campus nantais et yonnais. La manière de penser le projet culturel de l’Université se retrouve dans des contextes éminemment différents, notamment à Mohammedia. Nous sommes au Maroc, et c’est à Nadia Bouqallal que revient la présentation de l’étroite collaboration entre sa recherche et celle de Danielle Pailler.

6 ans après les débuts du projet de la DCI, c’est sur l’autre rive de la méditerranée, précisément avec l’Université Hassan II de Casablanca, que l’on retrouve la vice-présidente culture de l’Université de Nantes. Octobre 2014 voit s’organiser les « Rencontres universitaires de la médiation culturelle », auréolé d’un autre anniversaire : les 10 ans de la licence professionnelle en médiation culturelle de l’Université marocaine. Cette rencontre forte et marquante pour Nadia Bouqallal comme pour Danielle Pailler permet d’asseoir la question essentielle de projets culturels universitaires : poser en préambule la nécessité de médiations culturelles sur mesure, évoluant avec les publics.

Un métier à tisser

La politique culturelle de l'Université de Nantes cherche à tisser des liens avec les quelques 40000 étudiants qui fréquentent les campus. Retour en vidéo sur l'ambition portée par l'équipe de la Direction culture et initiatives.

Dans cette dynamique, Nadia Bouqallal regarde Nantes d’un œil attentif, et chercheur. Elle qui porte un discours sur la nécessité de la médiation culturelle, dans l’enseignement public – hautement mis en difficulté par l’OPA du privé dans l’enseignement supérieur – voit en ce territoire de recherche-action faite de résidences d’artistes, de participation étudiante et de mise en perspective par une équipe de chercheurs, un débouché crucial d’autres protocoles de travail, comme ici, au Maroc.

La construction d’une relation de pairs à pairs – entre chercheurs d’Universités – est sans doute plus usuelle, la recherche n’ayant pas les mêmes frontières que les individus. Pourtant, il est ici entendu de jeter les possibles de ponts artistiques et culturels entre des contextes différents, mais avec des porteurs de projets enclins aux mêmes perspectives : retrouver des possibles incarnations aux contributions ailleurs que dans le champ productif, ou politicien. Aussi, dans la rencontre artistique et culturelle, qui se pare, au Royaume d’une allure militante. À commencer par l’urgente émancipation de toutes et tous avec les cultures et les arts, autant d’aiguillons extérieurs permettant la remise en question de contextes sociétaux et civils qui, en France comme au Maroc, restent dans un attentisme qui ne va pas de pair avec une proposition de « démocratie culturelle ».