Cette résidence marque un tournant dans la vie des campus. À commencer par l’irruption d’artistes dans le quotidien, plus habitués à faire corps avec leur environnement qu’à vernir des galeries. De fait, l’Art Vivant, l’Art Utile proposé par Louise Hochet et des équipes artistiques amies est avant tout un prétexte à la rencontre. La jeunesse des artistes et la simplicité de faire art ici et maintenant permettent de voir éclore des liens durables sur les lieux de passage de la résidence. Louise Hochet n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai, elle qui œuvre depuis l’atelier Banquise de la rue des Olivettes.

La Direction culture et initiatives garde en tête la proximité d’artistes, d’étudiants et de chercheurs qui ensemble composent de nouveaux mondes à investir. En apportant des réponses esthétiques aux quotidiens universitaires, Art Vivant Art Utile recompose le lien aux « universitains », toutes celles et ceux qui habitent l’Université.

L’équipe INTERIM, réunie par Marina Pirot pour On Time réunissait tout ce qu’il faut pour un demi-siècle d’Université : des artistes, des interruptions du quotidien et la recherche d’une aventure commune. Ici, prime d’abord le regard d’artistes rompus à l’exercice de la création in situ, qui voient l’art comme un vecteur de pas de côté pour construire une réalité commune.

Toute l’année, l’équipe d’artistes cherche les points de rencontre et de questionnements pour donner à voir (et à boire) un campus en mouvement : en témoigne la grande cérémonie de fin d’année célébrant les 50 ans de l’Université de Nantes.

Nous vivons tous dans un monde parallèles. C’est en tout cas ce que croit savoir le collectif Radio Charrette qui œuvre à la poésie sonore sur les campus. Déjà invités par Louise Hochet dans le cadre de la résidence Art Vivant Art Utile, le trio aux micros baladeurs revient l’année suivante pour donner à voir des histoires, des quotidiens qui se croisent et se rencontrent quand l’enregistreur commence à tourner. Toujours chercheurs, ces compositeurs du quotidien dénichent des curiosités à écouter.

Le collectif Radio Charrette se présente comme « la radio que rien n’arrête ». Et surtout pas les différents campus qu’ils saisissent dans les enregistrements présentés ensuite en écoute collective sur les campus yonnais et nantais lors des soirées de fin de résidence.

Des virus et des étudiants. Et l’art, comme œil extérieur pour faire un pas de côté. Les étudiants de quatrième année en pharmacie composent avec l’expérience de Magali Babin, artiste plasticienne pour créer des représentations des bactéries et des virus. Une blouse blanche voit naître une infection, les boîtes de pétri deviennent des palettes à composer, en collectif, des œuvres ensuite exposées sur les campus.

Cette rencontre est singulière. À commencer par son mode opératoire : celui d’associer une artiste dans un enseignement, avec une notation à la clé. Avec le FRAC comme partenaire, ce projet porte dans son ADN des futurs possibles pour faire de l’art une variable d’ajustement des enseignements disciplinaires.

L’IUT de Carquefou, sis à la Fleuriaye, rayonne aujourd’hui comme un laboratoire ouvert. Lui l’a bien compris. Pierre-Alexandre Rémy, artiste, réunit pendant un an les étudiants de l’IUT pour inventer ensemble ce qui sera BIG BANG : une œuvre collective qui, astucieusement, tire partie des compétences des disciplines pour créer. L’art n’est jamais loin sur les campus de l’Université de Nantes.

Ce mobile créé ensemble est avant tout un témoin. D’une année entière d’ateliers, de recherches et de démocratie pour composer une œuvre, dans le cadre des cours associés.

C’est bien simple : on n’avait pas encore vu ça sur le campus. Appuis est un dispositif scénique qui permet d’accompagner la jeune création étudiante sur les plateaux de l’incontournable Théâtre Universitaire. Avec Marie-Laure Crochant aux manettes, les étudiants se frottent à la création d’une pièce, et sa mise en scène. Certains parcours sont à suivre de près, comme celui de Marion Lenevet.

Pendant une année les étudiants composent des créations uniques, qui ouvrent parfois la voie vers d’autres terrains, plus professionnels. En cela, Appuis apprend le collectif autant que les projecteurs, pour faire du théâtre une passerelle vers la découverte de soi-même.

Le printemps apporte toujours son lot de bonnes nouvelles. Et les Journées des Arts et de la Culture ne dérogent pas à la règle : elles viennent marquer un point fort de la saison universitaire, en proposant aux étudiants de renverser le quotidien par l’art et la culture. Concerts, expositions, performances viennent ponctuer les cours magistraux. La focale est ici mise sur une programmation fine, et souvent locale.

Moment fort de l’année universitaire, les Journées des Arts et de la Culture laissent aller les surprises et les étonnements pour que chacun prenne part à la culture.

Délaissant la Cité des Congrès, la Folle Journée s’installe aussi sur les campus nantais. En proposant la musique classique en même temps que le complet thon, on mise ici sur les chocs esthétiques du quotidien. Depuis les halls des campus, on se souvient parfois d’une musique hors les murs.

Aux manettes des passerelles entre l’Université et la Folle Journée, on retrouve évidemment la Direction culture et initiatives et Michèle Guillossou, présente dans ce documentaire.

Naturaliste du béton, Philippe Chevrinais est aussi pionnier d’un art méconnu : le reverse graffiti. À coup de jets d’eau, il soustrait aux murs du campus la pollution environnante, pour laisser apparaître des messages écologiques et des inventaires de la flore en présence. Il est aussi transmetteur de cet art, toujours en cirée jaune, avec les étudiants présents sur les campus.

Au même titre que Pierre Desvigne et bien d’autres artistes intervenant sur le campus, Philippe Chevrinais propose des ateliers depuis plusieurs années en lien avec la Direction culture et initiatives.

Aussi complice de Louise Hochet, Quentin Bodin est graphiste. Et très au fait des créations collectives, comme des techniques d’impression. Lui qui jouait l’archéologue dans les couloirs de l’Université pour trouver un risographe pendant Art Vivant Art Utile, continue des ateliers chaque année dans le grand laboratoire d’impression du campus yonnais. Avec, à chaque fois, la même envie de surprendre et de faire des images ensemble.

Super Terrain, dont Quentin Bodin fait partie, agit en proximité pour inventer ensemble des représentations et des images. Une manière de composer qui ouvre des portes vers des territoires encore méconnus, comme ceux de l’architecture.

La couture noue aussi des liens durables. C’est pourquoi Louise Hochet continue à œuvrer sur les campus nantais pour proposer cette fois-ci de la couture et de la broderie. Avec une particularité : permettre aux participants d’avoir le Maroc au bout du fil puisque les créations entamées à Nantes iront ensuite à Fès avant de revenir dans la Cité des Ducs.

En ce sens, le projet mené incarne la manière de faire couture commune sur les deux rives de la méditerranée. Et donc de créer des liens entre la France et la Maroc autour d’une Université qui se porte pilote du projet.