Le rouge est partout. Sur le canapé, dans les fleurs de bois disposées sur la petite table basse où le café est encore chaud. Un rouge puissant, un « rouge fauteuil » ou un « rouge rideau » même, celui que l’on croise généralement des les salles obscures du théâtre, art éternel. Dans le salon de Marie-Laure Crochant, Jean Genet et les to-do lists ne sont jamais loin, comme un appel du pied permanent de ce théâtre qui la lie à l’Université de Nantes.
Une ambition commune
Marie-Laure Crochant croise l’éternité de cet art avec la création contemporaine de jeunes metteurs en scène, dans le projet « Appuis ». Ce dispositif, ambitieux mais humble, prend le temps d’une année pour accompagner tous les étudiants qui fouleront les plateaux du Théâtre Universitaire tout au long de l’année. Son acolyte, Guillaume Brochet, avec qui elle a tissé cette complicité qui pousse à continuer, assiste aux derniers préparatifs d’un mois de décembre qui voit les ébauches de spectacle commentées, reprises et ajustées à la mesure d’une ambition commune : présenter sa création, son espace personnel, à d’autres ; souvent des curieux, mais aussi des amis participant à Appuis.
Elle est venue un peu par hasard à la pédagogie. D’abord actrice, formée au Théâtre national de Bretagne il y a une dizaine d’années, elle égrène d’abord les plateaux sous la direction de metteurs en scène ; ce n’est que rarement qu’elle change de casquette, pour la mise en scène. L’exposition des autres, c’est aussi l’art de rester dans l’ombre. Ce qui pourtant la porte depuis ses débuts dans Appuis, sans être « véritablement prof’, ni véritablement metteur en scène ». Tantôt bonne copine rassurante, tantôt autorité morale évidente, elle navigue entre ces deux lignes fines. Celles qui portent son travail d’artiste intervenante auprès des créateurs plus jeunes, toujours étudiants à l’Université de Nantes.
À l’Université de Nantes, les cultures et les initiatives se conjuguent au pluriel. Le pari ici : faire en sorte que les étudiants, les personnels, les artistes définissent ensemble les objets artistiques partagés par le plus grand nombre. Un équilibre fin entre une politique culturelle ouverte et garante d’une cohérence sur les campus.
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De Rennes à Rennes
Son chemin croise, il y a deux ans, celui d’une autre comédienne : Marion Lenevet. Elle qui étudiait il y a encore peu l’odontologie a fini par saisir le théâtre, passion sous-jacente depuis des années. Au côté de Marie-Laure, Marion éclot. Et peu de rencontres peuvent se targuer de s’être faite sur Jean Genet. C’est pourtant l’auteur des Bonnes qui générera ensuite les envies de poursuivre une passion, notamment à Rennes, là où tout a commencé pour Marie-Laure Crochant.
Cette relation d’amitié, et de travail, est filmée dans notre documentaire. En prenant le soin de l’exigence et l’urgence comme moteur, Marie-Laure Crochant cherche l’animation, et la dérive dans les projets des étudiants. Une manière de faire qui tisse ces liens précieux, unissant l’artiste et l’étudiant, dans des propositions artistiques à découvrir au Pôle Étudiant, ou au TU-Nantes.